Dîner au pic vert le mercredi 8 mars 2017 en compagnie de Sandra , d'Olivier , d'Adrien, de Gersende et de Ludovic.
Nos invités, Sandra et Olivier , qui venaient pour la première sont , cette fois-ci , arrivés sans encombre.
Pour les réconforter après la difficile ascension du pic vert, j'ouvre un Dom Pérignon 2002.
La robe est déjà joliment dorée.La mousse est dense et épaisse.
Le nez s'ouvre sur la viennoiserie, la brioche , les agrumes , les fleurs blanches avec un léger boisé ou plutôt toasté .Adrien , qui y est très sensible ,retrouve un peu de SO2.
La bulle est fine .Tout semble en place . La bouche est droite, ample longue, vive et claquante.
Il offre cependant moins d'émotions que le Dom Pérignon 98 dégusté à Moorea ou que l'Initial de Selosse ouvert la semaine dernière.
C'est un adolescent sage , premier de la classe , sérieux et parfait auquel il manque un grain de folie ou de génie et certainement aussi de maturité.
Lorsqu'il se réchauffe Anita le trouve moins bien. Je ne partage pas entièrement ce sentiment et relève pour ma part des notes vanillées plus intenses.
L'accord avec les briques de saumons et chèvres ou tomates séchés est pertinent.
Avec la terrine de poisson , je sers d'abord un Sancerre du Domaine dse Comtes Lafond 1989.
Il est assez clair.
Le nez me semble exubérant, exprimant les agrumes (citron), les fruits blancs ( pommes ), les fruits exotiques ( ananas).
Je le trouve d'abord un peu court mais en se réchauffant , il s'ouvre et prend de la longueur et de l'amplitude.
Il est vif , frais , joyeux , facile à apprécier et se marie bien avec le plat.
Le Chassagne -Montrachet 2001 du Château de Puligny-Montrachet arbore paradoxalement un robe vieil or .
Il parait bien plus âgé que le Sancerre qui a 12 ans de plus que lui .
Contrairement à son aîné , il parait dense dans le verre , me faisant bizarrement penser à du mercure.
Le nez butyrique et surtout noisette est racé et gourmand.
Il tapisse la bouche de fruits jaunes bien mûrs et de notes délicatement fumées . Il est long , voluptueux ,et glisse langoureusement.
C'est un délice acheté au Château ,que je n'avais plus goûté depuis longtemps et dont il doit, heureusement, me rester quelques bouteilles à Paris.
Le filet de bœuf avec ses pommes de terre farcis aura deux compagnons de route.
J'avais réservé une bouteille de Grange des Pères 2004 pour la venue d'Olivier car il m'avait expliqué avoir été charmé par ce vin qu'il avait découvert voici 3 ou 4 ans.
Le vin est étonnant de fraîcheur , de longueur , de finesse et d'équilibre .
La bouche regorge de fruits rouges acidulés évoquant la groseille, lui procurant une belle vivacité. Les tanins fins caressent le plat de la langue . Il est subtil et chaleureux.
Bien que ce ne soit" qu'un vin de pays" ,c'est un breuvage racé, élégant et aristocratique .
Nous sommes tous sous le charme... "Ô temps suspend ton vol".
C'est le moment que choisit Olivier pour se lever et dérouler sa serviette tel un papyrus ,dans un extraordinaire discours d'improvisation à la fois émouvant et drôle , dont lui, seul a le secret et qui restera à jamais gravé dans nos mémoires éphémères.
J'ai ouvert le Château Canon 1970 ,Saint-Emilion , premier grand cru classé B , voici environ 5 heures. Le bouchon s'est disloqué et j'ai dû récupérer plusieurs morceaux dans la bouteille.
La robe est encore dense et sombre.
Le nez exprime des arômes d' animal , presque d'écurie et de sous-bois.
On décèle un petit trait d'amertume typique de la rive droite.On apprécie un corps épais et une belle finale voluptueuse tout en rondeur.
Gersende me dit "qu'il en a encore sous la semelle" , bien que les tanins soient presque entièrement fondus.
Par curiosité ,je reprends du Grange des Pères en m'attentant à être déçu mais ce n'est pas le cas du tout .
Étonnamment , car c'est assez rare car ils sont très différents, on peut passer avec un égal plaisir, de l'un à l'autre vin.
Anita a préparé deux dessert une tarte Tatin pommes-mangue et une tarte alsacienne aux pommes.
J'ai pensé à un Barsac mature pour les accompagner, le Château Coutet 1977.
Dans les verres , sa belle robe acajou est flamboyante et aguiche nos papilles.
Le nez est miellé et abricoté mais la bouche acidulée. Il offre un superbe équilibre entre l'orange et la mandarine confite et le caramel beurre salé et de très belles vibrations.
Il est magnifiquement velouté et caressant et bien qu'il arrive en fin de repas , après d'excellent concurrents, c'est le plus émouvant et probablement mon préféré de la soirée.
L'accord avec le dessert était percutant mais j'aurais pu tout aussi bien le servir pour lui-même , en vin de méditation.
Il est des instants de grâce qui deviennent inoubliables , probablement parce qu’ils n’étaient pas prévisibles.
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