samedi 4 novembre pic vert
Après une journée agitée par le vent et la pluie,nous bénéficions d'une éclaircie qui nous permet de
dîner dehors.
Nous avons préparé quelques toasts saumon fumé , oeufs de lump pour accompagner un champagne de l'Aube que j'ouvre pour la première fois :la Colline inspirée de Jacques Lassaigne, qui est un blanc de blanc extra-brut .
Le viticulteur est érudit car il s'agit du titre d'un romain de Maurice Barrès publié en 1913 qui a été inscrit en 1950 sur la liste des meilleurs romans du demi-siècle et qui commence par ces mots: "il est des lieux où souffle l'esprit" Avec un tel passé , ce champagne , au demeurant , très apprécié des connaisseurs, a tout pour être grand.
La robe est légèrement doré .Le nez s'ouvre sur la brioche .
Les bulles sont fines caressantes , crémeuses , presque trop discrètes pour Anita . Le vin , souple et joyeux est malgré tout ample et long.
S'il apparaît gourmand et presque sucré , ce n'est pas à cause de son dosage mais grâce à la maturité de ses fruits qui bénéficient probablement du réchauffement climatique.
On le déguste lentement et il disparaît bientôt dans une ultime gorgée.
Nous avons prévu une entrée pour chacun des 2 vins blancs .
J'ai choisi un Hautes- Côtes de Nuit "les Rouard" 2004 , du domaine Hudelot pour trancher par sa vivacité avec le foie gras (malheureusement très décevant) ,accompagnée de sa confiture d'oignon.
La robe est dorée .
Le vin est vif ,tendu , très légèrement oxydatif comme pourrait l'être un Chardonnay du Jura.
Il commence logiquement à prendre quelques rondeurs, qui le rendent agréable à boire.
Le Chablis grand cru "Les Preuses"( et non lépreuse) 1989 du domaine la Chablisienne accompagne les flancs de poisson aux poireaux.
On ne s'attend pas une telle robe vieil or , presque cuivrée.
Il est merveilleux d'équilibre et de sérénité et affiche une noblesse et une distinction extrêmes.
Son volume et sa longueur sont étonnants et il persiste de longues minutes en bouche.
Je lui trouve d'abord d'étonnant d'orange confite. Je finis mon verre et j'ai l'impression de croquer dans une clémentine juteuse et sucrée.
C'est assurément un grand vin , d'une grande année , à parfaite maturité .
Anita présente son carré d'Agneau Carré d'Agneau avec un premier gratin de Uru et un second de courgettes et tomates que nous apprécierons avec deux Saint-Estèphe.
Le Calon- Ségur 1988 a perdu son étiquette sur laquelle il ne reste que St Estèphe mais l’appellation et la proriété sont sur la capsule et le millésime sur le bouchon, qui n'est pas en bon état ,friable et rétracté .
Je connait ce vin que j'avais trouvé excellent l'an dernier à Arcachon . Cette bouteille n'est pas du même niveau et à l'ouverture , il nous semble fluet et court.Je me demande même s'il n'a pas une petite pointe de bouchon.
La robe rubis brillante correspond pourtant à un vin en bonne santé .Au cours , il s'ouvre un peu prenant plus de consistance et de longueur, exprimant des notes de cerise à l’eau de vie , mais il a assurément souffert et n'est que l'ombre de son frère jumeau dégusté en France .
Le Phélan-Ségur 1964 aurait dû être le clou de la soirée.C'est vin qui plait à Olivier qui l'a souvent goûté et en particulier un grandiose millésime 1961 qu'il n'a pas oublié.
Le niveau dans la bouteille est très bon.
La robe tuillée et saumonée est conforme à son âge .
A l'ouverture le vin est très charmeur , ample avec une pointe d'acitidité et très fruité sur la framboise fraîche .
Progressivement , il évolue vers des arômes tertiaires de cuir , de tabac , de sous-bois et de pruneau très agréables au nez.
Je le laisse s'aérer dans la cave de service qui est assez confinée. Et malheureusement , lorsque je le sers , il est transfiguré, très évolué, dépassé . Il me donne l'impression d'avoir repris sa fermentation dans l'espace réduit où je l'ai laissé débouché et d'avoir pris 30 ans en quelques heures.
J'éviterai dorénavant la cave de service et laisserai les prochains vins s'oxygéner lentement à l'air libre.
Il restait du Hautes Côtes de Nuit qui s'accorde parfaitement avec le fromage , tout particulièrement avec le chèvre.
Le Rabaud Promis 1964 , Sauternes 1er cru est servi avec la tarte aux pommes Normande de Ghislaine et la tarte Tatin aux 3 fruits ( ananas , poires , papayes) d'Anita.
Le vin est acajou.
Il évoque les pâtes de fruits et en particulier la pâte de coing.
Je lui trouve également une pointe cacaotée et caramélisée.
Son équilibre acide /sucre qui est entièrement fondu est remarquable .
C'est dessert à lui tout seul et même s'il accompagne magnifiquement les dessert , il pourrait parfaitement se suffire à lui-même.
Il est une nouvelle la preuve qu'il faut laisser du temps aux liquoreux pour ne pas passer à côté des plaisirs qu'ils peuvent offrir , une fois à maturité.
Mon classement est le suivant: 1- Chablis 1989, 2- Rabaud Promis 1964 , 3- La Colline Inspirée
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