Petit Piquey Samedi 19 septembre

Fabrice était notre professeur de dégustation en 3ème année à Tahiti .Il habite maintenant à Auch et nous fait le plaisir de venir avec Joëlle , nous rejoindre sur le bassin d'Arcachon.Nos amis du Petit Piquey , accompagnés de 3 membres éminents de leur famille proche et amateurs de vins anciens sont bien entendus présents.

Nous prenons l'apéritif face à la mer, en cette fin d'après-midi radieuse.
Nous abordons d'abord  une nouvelle facette de Stéphane Herbert : la Cuvée Véronèse brut assemblage de Chardonnay et pinot noir à part égale, qui fidèle au style de la maison offre une effervescence fine et crémeuse, beaucoup de finesse , de longueur et d'amplitude. C'est une nouvelle fois très bon avec suffisamment  matière pour  l'imaginer  à son aise au cours du repas.

J'ouvre ensuite un  champagne  brut J.C. Dumoulins des années 70 , sans le présenter afin de voir les réactions ,en évitant les préjugés sur les aptitudes au vieillissement du champagne.
 Il  risque de surprendre les convives et je souhaite leur montrer tout ce que peut donner un champagne de producteur d'une quarantaine d'années.   J'espère qu'il ne me contredira pas.Je suis un peu rassuré par le muselet qui est propre et pour une fois non oxydé.
La robe est dorée .Il est tout en rondeur et en douceur. Il évoque même un liquoreux pour certains . Je lui trouve encore un peu d'acidité, ce qui contribue à l'équilibrer.Il évolue sur des notes de cire d'abeille. Il est patiné par le temps , avec une effervescence intégrée mais bien perceptible, serein et délicieux.

A la vue de la bouteille suivante , Fabrice manifeste son enthousiasme .Le muscadet Marquis de Coulaine 1984 à plus de 30 ans et je pensais faire une nouvelle surprise à mes invités mais Fabrice  connaît  et apprécie  les vieux muscadets même s'il n'a pas eu l'occasion d'en boire récemment .
 La robe est plutôt pâle , évoquant un vin jeune.
Il offre une trame acide enveloppée dans une certaine rondeur.Il s'accorde merveilleusement avec le Carpaccio de saumon.C'est un vin cristallin et brillant qui séduit et surprend tout le monde (sauf Fabrice).

Le Sancerre Henri Boudet 1971 a malheureusement un bouchon rétracté qui tourne dans le goulot , laissant présager  un vin  éventé . Il est trouble et ambré ,  avec  un nez de vieille cave  et des notes piquantes et vinaigrées en bouche.2-3 heures après son ouverture , il retrouve un temps l'acidité du Sancerre mais est asséchant et souffre d'arômes de champignons envahissants. C'est un vin oxydé qui a beaucoup souffert et que nous ne boirons pas. C'est une des seules bouteilles vraiment abîmée de nos dégustations d'août et septembre  en France.


Fabrice avait amené un bourgogne Dominique Laurent 1999 qui confirme que tout le bien que l'on pense des années en 9 en bourgogne.C'est un vin typiquement féminin , qui ravit d'ailleurs toutes les femmes présentes ce soir ( mais pas uniquement).Il plein de fruits rouges et noirs très frais et s'entend parfaitement, lui aussi,  avec le carpaccio de saumon.

Le Pomerol Chateau Beauregard 1970  arbore une robe tuillée, un peu trouble.Il exhale d'agréables senteurs de sous -bois et animales.Il est bon mais il est occulté par le vin suivant que j'ai ,à tord , servi presque simultanément.

le Pavie 1970   se répand dans les verres sûr de sa force  et de son charisme.Sa robe est limpide .Son toucher caressant est celui du velours avec une plénitude et une allonge extrêmes. Il offre une grande fraîcheur et une jeunesse triomphante.Il est parfait sur le rôti de bœuf et son gratin Dauphinois et s'il est un peu moins puissant que son grand frère Angélus dégusté dimanche dernier, il est encore plus fin et  distingué.

Le Rabaud Promis 1990  se présente dans une belle robe orangée porteuse de promesses. Ludovic , qui l'a amené est un peu déçu par son manque d'opulence et  sa petite amertume en finale . Il offre cependant de beaux arômes de zestes d'orange mais il pâtit comme le Beauregard avant lui , de la comparaison avec le vin suivant servi un peu trop rapidement.

Le Sauternes Arche Vinemey 1949 est un sirop de fruits mûrs au caramel .Il regorge de fruits exotiques fondus , souples et délicieux.Il est aérien ,  d'une douceur charmante , le sucre s'est intégré.Sa cohérence, que seules plusieurs décennies peuvent apporter,  est sublime. Il restera un souvenir extraordinaire pour, sans doute, le meilleur Sauternes dégusté à ce jour.C'est un dessert à lui tout seul qui est aussi très complice avec la croustade de Fabrice et la Charlotte de la pâtisserie Bouillon.

Il faut oser ouvrir une  dernière bouteille après ce chef d'oeuvre d'équilibre. Pourtant Fabrice est motivé pour tenter une  approche de son son Rivesaltes du Domaine Cazes.
Le résultat, étonnant , associant rondeur , puissance et douceur . L'accord avec le dessert au chocolat de monsieur Bouillon est fantastique . Fabrice avait raison .Il a toute sa légitimité pour clore cette dégustation grandiose.